Avant même le survol d’Ultima Thulé, Alan Stern pense déjà à la suite. Le responsable de la mission New Horizons espère trouver une troisième cible à explorer après le survol de Pluton, le 14 juillet 2015, et de l’astéroïde Ultima Thulé, le 1er janvier 2019. Les motivations sont nombreuses, car cette zone du Système solaire se révèle plus riche que ce les chercheurs imaginaient à l'époque où la sonde a été conçue, au début des années 2000. « Si nous avions su alors ce que nous savons aujourd’hui sur la Ceinture de Kuiper, nous aurions pris plus de carburant pour aller explorer d’autres objets de ce type », estime Marc Buie, du South West Research Institute.
« Ce serait fou de ne pas essayer »
Par ailleurs, New Horizons fonctionne toujours parfaitement. Il est donc souhaitable d’en profiter car la Nasa n’envisage pas encore de prochaine mission vers cette zone. La sonde fonctionne d’autant mieux que, des deux astéroïdes accessibles après Pluton, l’équipe de New Horizons a choisi la cible la plus économe en carburant. « Nous avons consommé environ un tiers de ce qu’il restait après le survol de Pluton pour changer de trajectoire vers Ultima Thulé. Il reste actuellement 18 kg de carburant », détaille Alice Bowman, responsable des opérations de pilotage de la mission.
Quant au réacteur nucléaire de la sonde, il perd 3,5 W de puissance par an. « Pour avoir toujours suffisamment d’énergie, nous avons mis hors service VB-SDC, l’instrument chargé de compter les poussières », explique Chris Hersman, l’ingénieur système de la mission. Avec ses 11 kg de plutonium, le générateur délivre actuellement 190 W, et on peut descendre jusqu’à une puissance de 150 W, voire un peu moins. Il est donc potentiellement possible de maintenir la sonde jusqu’au milieu des années 2030 », ajoute Chris Hersman.
Pour Alan Stern tous les voyants sont au vert : « Il serait fou de ne pas essayer de trouver une troisième cible à la sonde ».
Une cible à trouver avant la fin des années 2020
« Actuellement, Ultima Thulé se trouve dans la partie centrale de la Ceinture de Kuiper. La sonde va traverser celle-ci encore pendant près de 10 ans. Elle sortira de cette zone vers 2027 ou 2028 », détaille Alan Stern.
Les chercheurs ont donc encore quelques années pour trouver une cible à New Horizons. Mais la tâche est difficile. Ultima Thulé est à ce jour l’objet du Système solaire le moins lumineux découvert. Sa détection a monopolisé un temps d’observation record sur le télescope spatial Hubble, et ce temps n’a pas été facile à obtenir. Du coup, Alan Stern imagine une autre stratégie : chercher une cible directement avec New Horizons puisqu’elle est désormais au cœur de la zone de recherche.
« Nous avons été capables de détecter Ultima Thulé dès le mois d’août, alors que nous nous trouvions encore à un demi-milliard de kilomètres, et l’on sait qu’il aurait été possible de le détecter avant », souligne Alan Stern. Il y a néanmoins une petite difficulté technique. Elle tient au débit de téléchargement des données, de l’ordre de 500 à 1000 bits par seconde. « Pour contourner ce problème, nous envisageons de mettre à jour l’ordinateur de bord pour lui permettre d’additionner lui-même les images réalisées et d’envoyer vers la Terre une seule image à chaque fois », détaille Hal Weaver, responsable scientifique de la mission.
Une mission à financer
Avant de se lancer dans cette éventuelle nouvelle mission, New Horizons devra finir d’envoyer les données d’Ultima Thulé vers la Terre. En tout, les 50 gigabits de données nécessiteront 20 mois de téléchargement, ce qui rend la sonde indisponible jusqu’en 2020. « On fera une proposition de mission étendue à la Nasa à l’été 2020. L’extension de mission actuelle va jusqu’au début de 2021 », annonce Alan Stern.
Affaire à suivre donc.