Observez Jupiter, la planète la plus en vue du moment !

Observez la planète Jupiter. © Ciel & espace
La géante gazeuse se trouve en excellente position en seconde partie de nuit. Assez haute dans le ciel, elle se dégage des turbulences les plus fortes et offre de belles opportunités d’observation au télescope.

D’accord, il faut se coucher très tard ou se lever très tôt pour voir Jupiter. Mais cela en vaut la peine ! En cette fin d’été, la plus grosse planète du Système solaire atteint une hauteur d’environ 20° vers minuit. Si l’on peut la viser au télescope avant (dès 23 h), c’est pourtant seulement à partir de ce moment-là qu’on aura le plus de chances de la voir avec netteté. Jupiter se dégage alors des couches les plus basses et turbulentes de l’atmosphère terrestre et, si le ciel est stable, cela promet de belles images.

Jupiter le 19 août vue depuis Paris avec un télescope de 300 mm. © JL Dauvergne

Repérer la géante du Système solaire

Jupiter est très facile à trouver sur la voûte céleste : c’est l’astre le plus brillant du milieu de nuit (sauf quand la Lune est là). Parfaitement visible à l’œil nu, elle émerge de l’horizon est, peu après 23 h. Elle passe au-dessus du sud-est autour de 2 h, et à bonne hauteur vers le sud après 4 h du matin. Son éclat est si fort que vous n’avez guère besoin d’autres indications pour l’identifier dans la constellation des Poissons étendue mais discrète.

Les planètes visibles, dans les dix derniers jours d'août, vers 2 h du matin.

Observer Jupiter

Si vous avez une lunette ou un télescope, sachez que Jupiter est l’une des cibles les plus spectaculaires auxquelles vous aurez accès (avec Saturne, un peu plus tôt dans la nuit, cet été). Pour bien en profiter et ne pas être déçu, il convient de respecter au moins une précaution : sortir son instrument environ une heure avant le début des observations pour qu’il se mette à la température extérieure et n’engendre pas de la turbulence à l’intérieur du tube ou autour de ses optiques.

Pour avoir des images nettes au télescope, il faut bien entendu que le ciel soit stable. Cela, vous n’y pouvez rien. Tout au plus, si vous voyez que les étoiles scintillent fortement, il est probable que les conditions sont mauvaises. Vous pouvez avoir une indication en utilisant le site de prévision Skippisky avec l’option "seing". Le site est assez fiable, mais prévoir la stabilité du ciel est plus difficile encore que le météo. Le mieux est quand même de mettre l’œil à l’oculaire. Quel que soit l’instrument utilisé, commencez par un grossissement assez faible, de l’ordre de 40 ou 50 x. L’image de Jupiter est petite, mais vous avez immédiatement un aperçu de la configuration de ses quatre principaux satellites : Io, Europe, Ganymède et Callisto. De plus, même si l’air est turbulent, vous n’en subirez guère les conséquences ; l’image reste jolie à regarder.

Ensuite, passez à un grossissement équivalant au diamètre de votre télescope exprimé en millimètres. Par exemple 150 fois pour un réflecteur de 150 mm. C’est à ce grossissement que votre œil percevra le plus de détails sur une image qui reste lumineuse et contrastée. Quand les conditions de stabilité sont bonnes, on peut pousser jusqu’à deux fois le diamètre de l’instrument (300 fois pour un télescope de 150 mm). Sans perdre trop de luminosité, on obtient une image plus grosse et plus confortable à regarder, notamment en ce qui concerne les plus petits détails.

Jupiter, la planète des vents

Bien que distante de plus de 600 millions de kilomètres, cette planète est énorme (11 fois le diamètre de la Terre). Cela lui confère un diamètre apparent généreux, qui atteint 48” fin août. C’est presque une minute d’arc, autrement dit la limite de résolution de l’œil nu. Par conséquent dans un télescope, on peut discerner des détails à sa surface, notamment ses formations nuageuses. Car Jupiter, planète gazeuse, est un royaume tout atmosphérique.

La première chose qui attire le regard sur son disque blanc, ce sont deux bandes sombres parallèles, qui encadrent son équateur. Si votre télescope est assez puissant (à partir de 80 mm), vous pouvez discerner des irrégularités dans ces bandes nuageuses et commencer à faire un peu de météo jovienne.

Autre structure spectaculaire : la Grande Tache Rouge. Il s’agit d’un anticyclone ovale d’une taille supérieure à celle de la Terre, d’environ 16000 km de diamètre dans sa plus grande longueur. Comme son nom l’indique, elle est colorée. Ceci est particulièrement vrai en ce moment. La teinte rougeâtre apparait de manière évidente dans un petit télescope. Cela n’est pas toujours le cas ; l’intensité de ce rouge varie au fil des mois. Ce tourbillon animé de vents très violents est à rechercher sur la bande équatoriale du bas (autrement dit nord, car l’image est inversée dans un télescope).

Comme Jupiter tourne sur elle-même en mois de 10 heures, il se peut que, quand vous observez, la Grande Tache Rouge se trouve sur l’hémisphère opposé à la Terre et ne soit pas visible. Tentez votre chance plusieurs soirs de suite : statistiquement, vous finirez par l’apercevoir. Parfois, il suffit d’attendre une heure pour la voir arriver sur le bord de la planète. Cela est d’ailleurs une habitude à prendre : observer Jupiter à une ou deux heures d’intervalle, afin de noter son changement d’aspect dû à sa rotation.

La ronde des satellite galiléens

Ses quatre principaux satellites ont été découverts par Galilée en 1610. Par ordre croissant de distance à la planète, ils se nomment Io, Europe, Ganymède et Callisto. Ce dernier est le plus facile à identifier car il a une surface nettement plus sombre que les autres. Ganymède est le plus gros (on perçoit son diamètre apparent de 1,7” avec un instrument de 80 mm). Il reste difficile de distinguer Io d’Europe. Tous les deux sont très brillants. Simplement Io, plus proche de la planète, se déplace plus vite.

Cette ronde des satellites donne lieu à de beaux spectacles, le plus remarquable de tous étant les passages de leur ombre sur les nuages joviens. Quand cela arrive, même avec un petit instrument (lunette de 60 mm), on aperçoit nettement une minuscule tache très noire sur la surface de Jupiter. Par exemple, le 25 août à partir de 1 h 46 (heure légale française), l’ombre de Io commence sa traversée. Elle est évidente à voir à 1 h 55.

Le 25 août à 1 h 55 (dans la nuit du 24 au 25 donc), Io projette son ombre sur Jupiter. Le phénomène dure jusqu'à 4 h.

Il est également possible de suivre le début du passage d’un satellite devant le disque jovien. Comme le bord de ce disque est plus sombre que le reste, on parvient à suivre un satellite, même après qu’il ait commencé son transit devant Jupiter. Et cela, y compris avec une lunette de 60 mm. Il suffit d’avoir des conditions de stabilité correctes, le bon grossissement (au moins 80 fois) et… un peu de chance et de patience. Il arrive enfin qu’un satellite émerge de derrière le limbe de Jupiter ou qu’il apparaisse d’un coup de l’ombre (invisible) que la planète projette derrière elle.

Pour tous ces phénomènes, vous pouvez observer au hasard et avoir la surprise que l’un d’eux va se produire, ou bien les anticiper en consultant par exemple le logiciel Stellarium, sur ordinateur (gratuit) ou sur smartphone (application payante).

Voir en plus la Voie lactée

Il faut souligner que tous ces astres sont visibles sans difficulté en pleine ville. La pollution lumineuse est totalement négligeable par rapport à leur éclat. Mant tant qu'à passer la nuit dehors pourquoi ne pas profiter aussi de la Voie Lactée. Vous trouvrerez aussi sur notre site un lien vers une carte Google Earth comportant plus de 150 spots d'observation situés dans des coins sombres un peu partout en France. 

Pour cela référez-vous à notre carte des meilleurs coins d'observation en France, disponible dans notre numéro d'été :

 

Disponible sur notre boutique web et en kiosques (où nous trouver ?)

Au sommaire du Ciel & espace n°584 - août-septembre 2022

Dossier : Les meilleurs coins pour observer le ciel

Grâce à la nouvelle carte établie par le laboratoire toulousain DarkSkyLab, nous avons fait le tour de France du ciel noir. Dans chaque région, des astronomes amateurs nous ont signalé leurs meilleurs endroits pour découvrir la voute céleste. Là où admirer la Voie lactée est toujours possible.

Reportage au JPL, le centre de contrôle du Système solaire

À Pasadena, le Jet Propulsion Laboratory pilote la plupart des missions spatiales américaines. C’est là, en Californie, que les rovers martiens prennent leur feuille de route, que le télescope James Webb envoie ses premières images, ou que la vétérante Voyager 1 donne de ses nouvelles.

Enquête : Trou noir de la Voie lactée : ce que révèlent les images

Sagittarius A*, le trou noir au centre de notre galaxie, a désormais un visage ! Mais il est encore un peu flou… Pour la jeune génération d’astronomes, une nouvelle quête commence.

Test : Sigma fp, un outsider pour l’astrophotographie

Le tout nouveau boitier hybride de Sigma a beaucoup d’atouts pour les sujets célestes. Le spécialiste de la photo astronomique Thierry Legault l’a testé.

Et aussi

  • Portfolio Sur Mars, Perseverance est au pied du mur

  • Interview Jean-Loup Chrétien : “Les agences n’ont plus rien à faire en orbite basse”

  • Histoire “Nous allons sur Mars avec deux chats, une spacegirl et un missionnaire” ; le programme spatial zambien de 1964

  • Premier contact Dumbbell, la nébuleuse M27

  • Observation Spécial ciel noir : les objets faibles de la Voie lactée à l’œil nu

  • Aux astres citoyens Faites votre première photo scientifique de Jupiter

  • Test Le boitier hybride Sigma fp, un outsider pour l’astrophotographie

  • Agenda L’Abbaye aux étoiles, un nouveau festival dans l’Aude

Recevez Ciel & Espace pour moins de 6€/mois

Et beaucoup d'autres avantages avec l'offre numérique.

Voir les offres

Nous avons sélectionné pour vous