Découvertes en 2000 par la sonde Mars Global Surveyor, les ravines martiennes ont fait l’objet de nombreuses études. En 16 ans, des centaines d’images orbitales, prises notamment par Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) ont donné lieu à plusieurs explications et théories les concernant. Mais aucun astronome n’espérait avoir la chance d’explorer l’une de ces mystérieuses traces d’écoulement à la surface de Mars. C’est pourtant le cadeau que pourrait leur faire le rover Opportunity. Arrivé sur la planète rouge en janvier 2004, cet engin alimenté en énergie par des panneaux solaires fait preuve d’une incroyable longévité. Au point que la Nasa vient de prolonger ses opérations de deux ans.
Le marathonien de Mars
La nouvelle mission d’Opportunity n’est pas anodine. Après avoir observé de près d’anciennes sources hydrothermales et des argiles très anciennes, l’engin, qui a parcouru 43,5 km (un record), va mettre le cap vers l’une de ces ravines observées à maintes reprises depuis l’orbite. En effet, Opportunity se déplace actuellement le long du rempart ouest d’un grand cratère de 22 km de diamètre baptisé Endeavour. Et justement, un peu plus loin sur les flancs internes de ce cratère, les images orbitales ont repéré des ravines.
L’équipe qui pilote le robot a indiqué que les ravines visées ne se trouvaient qu’à environ 800 m de la position actuelle d’Opportunity. Toutefois, l’engin va devoir affronter en 2017 un nouvel hiver martien et peut-être rester statique sur une pente orientée au nord afin de capter au mieux les rayons du Soleil et éviter de se décharger complètement.
De l’eau ou du sable ?
Si l’engin survit une nouvelle fois aux rigueurs de l’hiver austral sur la planète rouge, il devrait atteindre son objectif (la Nasa n’a pas précisé quand) et rouler le long de la ravine longue d’environ 200 m et orientée d’ouest en est.
Avec un peu de chance, ses observations pourraient permettre d’en savoir plus sur la nature de ces écoulements, dont près de 5000 ont été recensés. Le sujet, complexe, est toujours activement débattu par plusieurs équipes de scientifiques. Plusieurs théories se font face pour les expliquer.
L’une d’elles — la première chronologiquement — invoque la fonte brutale de glace d’eau piégée dans des strates mises à nu par les cratères d’impact. Des changements d’aspect saisonniers et des études spectrales faites avec MRO accréditent l’idée. Si elle est exacte, cela signifie qu’il y a de l’eau dans le sous-sol de Mars, avec toutes les conséquences que cela peut avoir pour la recherche en exobiologie.
Une autre théorie, plus récente, suppose qu’il s’agit de coulées de sable provoquées par la sublimation ou le gel du CO2. En effet, l’effondrement de grains de sable creuse des chenaux en tout point semblables à ceux formés par les écoulements d’eau liquide (cela a été observé sur la Lune). Dans les deux cas, les géologues sont d’accord sur le fait que ces structures sont récentes, c’est-à-dire quelques dizaines de milliers d’années, voire contemporaines.
Opportunity perd la mémoire
Sur sa route, Opportunity étudiera aussi de près les couches géologiques situées à l’intérieur du cratère Endeavour. Reste à espérer que l’engin restera en état de fonctionnement jusqu’à sa nouvelle destination. En effet, sa mémoire informatique est de plus en plus défaillante et l’oblige à envoyer ses données quotidiennement, avant la tombée de la nuit, faute de quoi elles sont perdues.
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