Les choses s'accélèrent sur le front des exoplanètes. Un an après la découverte d'une planète de 1,27 masse terrestre dans la zone habitable de la plus proche étoile du Soleil, Proxima du Centaure, une nouvelle exo-Terre tempérée vient d'être mise au jour quelques années-lumière plus loin, autour de la naine rouge Ross 128.
Distante de 11 années-lumière, la masse minimale estimée de Ross 128 b est seulement 35% plus grande que celle de notre planète. Elle tourne en un peu moins de dix jours à 7,4 millions de kilomètres de sa petite étoile, soit 20 fois plus près que la Terre du Soleil.
La plus proche planète réellement habitable ?
Ross 128 b reçoit 38% d'énergie lumineuse en plus que la Terre et il n'est pas encore certain qu'elle se trouve au cœur de la zone habitable de son étoile naine rouge. Autrement dit, il n'est pas sûr que l'eau liquide coule à sa surface.
La limite interne de la zone habitable d'une étoile dépend en effet de la température de l'astre, mais aussi des caractéristiques de la planète comme son albédo ou sa période de rotation. Ces caractéristiques nous étant pour le moment inconnues, Ross 128 b pourrait se situer en bordure de la zone habitable. Ses découvreurs préfèrent donc parler de « planète tempérée » plutôt que de « planète de la zone habitable ».
Mais s'il s'avère que la petite exoplanète peut posséder de l'eau liquide, alors elle est probablement plus prometteuse encore que Proxima b en termes d'habitabilité : « Proxima b est une planète extraordinaire, évidemment notre meilleure cible aujourd'hui pour l'étude des atmosphères des petites planètes, mais elle a un handicap : son soleil Proxima du Centaure est une étoile très active, qui la bombarde en permanence de rayons X et d'ultraviolets nocifs. Au contraire, Ross 128 est très calme. Nous n'avons pas enregistré une seule éruption pendant les 80 jours d'observation menées sur elle avec le satellite Kepler », explique son découvreur Xavier Bonfils (université Grenoble Alpes).
Les mesures qui ont permis la découverte, réalisées depuis 2005 à l'observatoire de La Silla de l'ESO avec le spectromètre Harps, indiquent que la planète – vue de la Terre – ne passe malheureusement pas devant le disque de son étoile, ce qui aurait facilité son étude. Elle devrait cependant devenir rapidement l'une des cibles prioritaires des futurs télescopes de la classe des 30 m. Ces géants, contrairement aux télescopes actuels, auront l'acuité suffisante pour la distinguer de son étoile. Plus futuriste, le concept d'hypertélescope proposé par Antoine Labeyrie, lui, permettrait de voir sa surface.