Dix-huit mois d’efforts, cinq échecs, un abandon, et finalement… le succès ! Dans la nuit du 24 juin 2019, après le troisième lancement réussi de sa Falcon Heavy, SpaceX a récupéré une moitié de coiffe de sa fusée géante. C’est sous la lumière de la Lune, au large de la côte Est américaine, que son navire GO Ms Tree est parvenu pour la première fois à réceptionner cet élément dans son filet.
Avec ses 60 m de long et ses 10 m de large, le GO Ms Tree (nommé préalablement Mr Steven) est le récupérateur de coiffe des fusées SpaceX depuis 2017. Construit en novembre 2014, ce vaisseau est rapide et maniable : des caractéristiques primordiales pour espérer intercepter les coiffes ralenties par un parachute. La société spatiale d’Elon Musk a considérablement modifié le bateau en lui ajoutant un large filet soutenu par quatre bras mécaniques.
Le succès s’est pourtant fait attendre. Le 22 février 2018, le navire tente une première fois d’attraper à la volée une coiffe de fusée… sans y parvenir. Après trois échecs consécutifs, les techniciens de SpaceX décident d’installer une panoplie de quatre nouveaux bras absorbeurs de choc, alliés à un filet quatre fois plus grand, d’une surface de 3 700 m2. Les essais se poursuivent, sans plus de résultat. La sixième tentative se solde même par un abandon, le filet ainsi que deux des quatre bras ayant disparu dans la mer houleuse.
Le 20 mai 2019, le GO Ms Tree se pare d’une troisième série de bras et d’un nouveau filet bleu – l’ancien était jaune. Fort de ses nouveaux atours, il se présente le 24 juin, au soir du troisième lancement de la Falcon Heavy… Et enfin, l’une des deux demi-coiffes de la fusée atterrit délicatement dans son filet. Une réussite qui en laisse présager d’autres quand l’on sait que la manœuvre a été réalisée de nuit, donc dans des conditions de luminosité difficiles.
SpaceX atteint ainsi une nouvelle étape dans sa politique de réutilisation des éléments de ses lanceurs. Les deux étages propulsifs latéraux de la Falcon Heavy lancée le 24 juin avaient d’ailleurs été récupérés lors de l’envoi du satellite Arabsat-6A en avril 2019. Une nouvelle fois, ils ont réussi à se poser sans encombre en Floride.
Seule ombre au tableau, la perte du moteur central, qui n’a pu rejoindre la barge de récupération autonome OCISLY (« Of Course I Still Love You »). Une prouesse pourtant déjà réalisée par la compagnie privée américaine. Dernière question que l’on est en droit de se poser : qu’en est-il de l’autre moitié de coiffe ? Voguera-t-elle, comme c'est déjà arrivé, jusqu'à une île bretonne ?