Superlune bleue ? Rouge ? On vous dit tout !

Eclipse totale de Lune du 3 mars 2007. © J.-L. Dauvergne
Annoncée comme la coïncidence extraordinaire de trois phénomènes, la « superlune bleue de sang » sera avant tout une éclipse totale de la Lune, hélas invisible depuis l’Europe. Un événement toujours spectaculaire, mais pas rarissime.

Le mercredi 31 janvier 2018, le Soleil, la Terre et la Lune s’aligneront pour produire la 18e éclipse totale de Lune du XXIe siècle. Par coïncidence, notre satellite naturel sera voisin de son périgée, c’est-à-dire du point de son orbite le plus proche de la Terre. De plus, il s’agira de la seconde Pleine Lune du mois. Trois ingrédients qui ont donné ces derniers jours sur certains médias une « Superlune bleue de sang », une formule dont le caractère sensationnel ne rend pas vraiment compte de la réalité céleste. Explications.

Pour en finir avec la Super-Lune

Déjà au centre d’un emballement médiatique en novembre 2016, la super-Lune fait son retour ! Le satellite de la Terre boucle son orbite autour de la Terre en 27,3 jours alors que le cycle de ses phases dure 29,5 jours. Par ce décalage, il arrive que son passage au périgée, à 356 000km de la Terre, coïncide avec une phase de Pleine Lune : on appelle cela une super-Lune. Cette dernière apparaît alors 7% plus grande qu’en moyenne, lorsqu’elle se trouve à 384 000km.

Mises côte à côte, ces deux Pleines Lunes se démarqueraient. Mais en réalité (il n'y a qu'une seule Lune dans le ciel), ce faible écart n'est pas discernable à l’œil nu. La Pleine Lune du 14 novembre 2016 était présentée comme la plus grosse depuis 1948. C’est vrai, mais trompeur car ce record de proximité n’affichait qu’une différence de quelques centaines de kilomètres avec d’autres passages au périgée qui peuvent survenir plusieurs fois par an.

Comparaison de la Pleine Lune quand elle se trouve au plus loin et au plus près de la Terre. © L. Laveder/C&E

Dans un communiqué, la Société Française d’Astronomie et d’Astrophysique (SF2A) exprimait sa surprise quant à l’engouement des médias pour cet événement anodin. Guillaume Cannat, auteur du blog « Autour du ciel » pour Le Monde, expliquait même que la super-Lune n’existe pas.

Le néologisme « Supermoon », souvent utilisé par le service de communication de la Nasa pour son côté percutant, ne désigne rien de nouveau, ni de concret. On le doit à l’astrologue Richard Nolle, qui l’emploie pour la première fois en 1979 pour désigner les 10% des Pleines ou Nouvelles Lunes les plus proches de la Terre. Un choix subjectif qui lui permet de régulièrement associer une catastrophe naturelle (un tremblement de terre, une tempête, etc.) à la présence d’une super-Lune proche dans le temps. La Lune n’est en fait super que lorsqu’on décide qu’elle le soit !

La Lune n’a de bleu que le nom

Une lunaison de 29,5 jours autorise deux Pleines Lune dans le même mois. Cela survient cette année lors des mois de janvier et de mars. La seconde Pleine Lune d’un même mois est alors appelée « Lune bleue ». Ni plus, ni moins. Là encore, le phénomène n’a d’original que le nom qu’on lui donne, et n’est pas exceptionnel. L’expression courante anglaise « once in a blue Moon » désigne un événement qui survient rarement. Scientifiquement toutefois, une Lune bleue se produit en moyenne tous les 2,7 ans, lors d’une année qui comporte alors treize Pleines Lunes.

Et elle ne prendra pas une teinte bleutée… Au contraire, pendant quelques heures mercredi prochain, la Lune sera rouge, car éclipsée par la Terre.

Éclipse totale de Lune... dans le Pacifique

L’éclipse est le seul des trois phénomènes qui soit réellement spectaculaire. À 12h48, heure de Paris, la Lune entrera dans l’ombre de la Terre puis y sera plongée entièrement de 13h52 à 15h08. Manque de chance, le phénomène est invisible depuis la France métropolitaine car la Lune est alors sous l’horizon.

En revanche, l’éclipse de Lune sera totale en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie ! Notre satellite, alors plongé dans l’ombre de la Terre, sera uniquement éclairé par les rayons solaires qui auront traversé l’atmosphère autour de notre planète. Comme lors d’un coucher de Soleil, seuls les rayons de lumière rouge auront résisté à la diffusion de l’atmosphère, qui tend à éparpiller la lumière dans toutes les directions. D’où la teinte rouge brique de la Lune pendant la totalité.

L’éclipse sera partielle au Québec au coucher de la Lune, et à la Réunion à son lever.

Carte de visibilité de l'eclipse de Lune du 31 janvier 2018. L’Asie et le Pacifique sont aux premières loges. © Nasa

Heureusement, les éclipses de Lune se produisent à des intervalles de temps relativement courts. Visible depuis la métropole, celle du 27 juillet 2018 s’annonce particulièrement spectaculaire car l’alignement Soleil-Terre-Lune sera presque parfait, colorant notre satellite naturel d’un rouge sombre pendant presque deux heures. L’astre sera pour l’occasion épaulée de la planète Mars, éclatante à seulement 6° de là, comme nous l’expliquons dans l’Almanach du ciel 2018.

Chaque Pleine Lune est l’occasion de constater à quel point notre satellite naturel est nettement plus lumineux qu’autour de cette date. Ainsi, la Pleine Lune est 12 fois plus lumineuse que lorsqu’elle est en quartier (et non 2 fois) — lire à ce sujet les éphémérides du Ciel & Espace n°557, janvier/février 2018. Le 31 janvier 2018 sera l’occasion pour les observateurs privés d’éclipse de constater ce phénomène !

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