Sur Mars, Perseverance rencontre un débris de protection thermique

Crédit : NASA/Jean-Luc Dauvergne/Ciel & Espace
Dans le cratère Jezero, Perseverance a fait une étonnante rencontre : celle d’un fragment issu du vaisseau qui lui a permis d’arriver en douceur sur la planète rouge.

Cela ressemble à un morceau de papier d’aluminium, laissé là par un pique-niqueur peu scrupuleux. On dirait que le vent l’a emporté et coincé dans une roche aux contours torturés. Sauf que la scène a été photographiée sur Mars par le rover Perseverance… En fait, ce fragment dont la couleur claire tranche avec les ocres de la surface martienne est vraisemblablement une partie de la protection thermique du module qui contenait Perseverance pendant sa croisière entre la Terre et Mars. Peu avant l’atterrissage, en février 2021, pendant la descente en parachute, le bouclier thermique de ce module, situé sous les roues du rover, a été largué puis s’est écrasé. Sur la vidéo de l’arrivée du rover, on voit ce type de protection sur le bouclier thermique (à 31 s). Mais cet élément s’est écrasé assez loin de l’endroit où a été retrouvé le morceau. Quelques instants plus tard, le bouclier arrière, auquel était rattaché le parachute a lui aussi été éjecté. Il s’est posé brutalement à environ 1500 m de l’endroit où se trouve Perseverance actuellement. Et il possède également une protection thermique argentée identique. C’est plus probablement de ce bouclier arrière que provient le fragment qui est aujourd’hui coincé dans la roche sédimentaire. La sonde Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) a photographié depuis l'espace les différentes épaves laissées par les manoeuvres d'atterrissage et son image parmet de constater que le bouclier arrière est effectivement le plus proche.

Comme un bout de papier emporté par le vent

Alors, comment ce morceau a-t-il pu arriver jusque dans le delta de Jezero, où Perseverance l’a photographié le 13 juin 2022 (au sol 464 de sa mission) ? Deux hypothèses se dégagent : soit il s’est détaché pendant la descente et a virevolté jusqu’à se prendre dans cette roche, soit – et c’est plus probable – il a été séparé lors du contact assez rude avec le sol (comme en attestent les images prises par Ingenuity) et a ensuite été emporté sur plus d’un kilomètre par les vents qui soufflent sur Mars. Certes, l’atmosphère est très raréfiée mais cette protection thermique est faite d’un matériau très léger, un peu comme du papier d’aluminium, susceptible d’avoir été poussé par les rafales de zéphir martien. Selon les travaux de Claire Newman, celles-ci atteignent 12 m/s. Thomas Appéré a estimé la taille du fragment à environ 10 X 18 cm pour une épaisseur de moins de 3 micromètres. Ce qui le rend aisément susceptible d'être emporté par le vent. D'ailleurs, Simeon Schmauß a remarqué, sur un cliché pris une heure plus tard, que le morceau de protection thermique avait bougé, vraisemblablement sous l'effet du vent.

Perseverance dans le delta d’un ancien fleuve

Perseverance explore en ce moment l’entrée d’une vallée dont les roches ont été déposées en strates voici plus de 3,6 milliards d’années par l’eau d’un fleuve. Il a observé le fragment de protection thermique en un lieu appelé Bacon Strip par les responsables de la mission. L’engin va poursuivre sa route dans ce delta fossile en remontant la vallée baptisée Hawksbill Gap.

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