En exclusivité pour Ciel & Espace, le pilote français Olivier Celerier publie les clichés d'un possible cratère d'impact. Sa taille est comparable à celle du Meteor Crater, en Arizona.
Repérée lors d'un vol à basse altitude dans la région des lacs d'Ounianga, dans le nord du Tchad, cette petite structure de 1,5 km de diamètre, balayée par les vents du désert, fait irrésistiblement penser à un autre cratère tchadien, le cratère d'Aorounga, 100 km plus au nord, né d'un gros impact il y a moins de 345 millions d'années.
La découverte [NDLR : voir mise à jour ci-dessous] d'Olivier Celerier doit-elle être ajoutée au tableau des 178 cratères d'origine céleste recensés sur Terre à ce jour ?
Un cratère non répertorié
« J'ai observé pour la première fois le petit cratère en 2009 2010 », explique le pilote français. À l'époque, il note immédiatement les coordonnées du site, prend quelques clichés, et court se renseigner auprès du Centre national d’appui à la recherche du Tchad. « Là, on m'a expliqué que le cratère ne figurait pas sur les cartes. Ce qui n'est pas forcément étonnant car la piste la plus proche passe à plusieurs dizaines de kilomètres », raconte Olivier Celerier.
Le Français contacte alors des géologues, qui jugent ses clichés « très intéressants » et lui répondent que « si le cratère est lié à une météorite, alors elle devait faire dans les 10 mètres de diamètre ». Il ajoute : « Surtout, ils m'ont expliqué que, pour s'en assurer, il fallait monter une expédition sur place ! »
Des preuves à collecter
« Pour décider si un cratère a une origine météoritique ou pas, il faut récolter des preuves géologiques », explique ainsi le géologue Pierre Thomas (ENS Lyon). Par exemple ? « Des cônes de percussion, qui ne se forment qu'à très haute pression, ou des brèches comme celles de l'astroblème de Rochechouart, par exemple des quartz choqués. » Le nec plus ultra consistant évidemment à trouver des fragments de la météorite elle-même, ce qui est toutefois très rare...
Les photos aériennes ou satellites, aussi séduisantes soient-elles, ne suffisent pas pour se faire une opinion. « Ici, la ressemblance avec un cratère d'impact est troublante, mais il faut savoir qu'en dehors des volcans, plusieurs processus géologiques peuvent conduire à la formation de cratère. » Dans le Sahara encore, en Mauritanie, la structure de Richat est un bel exemple de faux ami.
Il faudra donc qu'une équipe scientifique monte une expédition pour confirmer, ou pas, l'origine céleste du cratère de Faya-Largeau (du nom de la ville la plus proche). Avis aux amateurs.
Mise à jour du 19/04/2011 : Un internaute nous signale la publication, en 2007, d'une courte note des planétologues allemands Martin Schmieder et Elmar Buchner (université de Stuttgart) annonçant la découverte du cratère sur des images satellites de Landsat et du radar de topographie de la navette spatiale.
Les chercheurs notent "une morphologie typique des petits cratères d'impact complexes". Ils précisent aussi qu'il est "difficile d'expliquer la formation du bassin de Faya par des processus géologiques courants", aucune trace de volcan, aucun diapir, aucun puits d'effondrement et aucune trace d'érosion glaciaire n'étant repertoriés dans la zone.
En 2010, les deux chercheurs ont a nouveau publié un court article sur ce cratère, notant sa similarité avec certains cratères de Mars (voir l'article scientifique en anglais). Affaire à suivre.
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