L'examen d'une strate géologique vieille de 12900 ans, au Groenland, indique que le "Grand Gel" qui a sévi sur la Terre à cette époque serait consécutif à un gigantesque impact cométaire. L'indice le plus fort est la présence d'un élément particulier, l'ammonium, dans la couche concernée.
En effet, pour Adrian Melott, de l'université du Kansas (États-Unis), la désintégration d'une comète se traduit par une brusque élévation de la quantité d'ammonium dans l'atmosphère. Car, dans des conditions de pression et de température extrêmes qui suivent l'arrivée dans l'atmosphère d'un gros corps, l'azote de l'air et l'hydrogène forment ce composé chimique.
Or l'hydrogène n'est pas présent en quantité suffisante dans des corps rocheux tels que les astéroïdes ou les météorites. Seules les comètes en contiennent assez, lié à de l'oxygène sous forme de glace, pour produire l'ammonium observé.
D'où l'hypothèse de la chute d'une grosse comète voici 12900 ans. Selon les taux mesurés, ce bolide aurait eu une masse de 50 milliards de tonnes, assez pour produire à la fois un souffle dévastateur et une vague de froid, le fameux "Grand gel" de la fin de l'ère glaciaire, dont l'origine est toujours débattue.
Reste qu'aucun cratère important daté de cette époque (récente à l'échelle géologique) n'a été retrouvé. Sur ce point, Adrian Melott fait un rapprochement avec un événement plus récent et de moindre ampleur, survenu le 30 juin 1908, en Sibérie : la catastrophe de la Toungouska (lire le dossier paru dans Ciel & Espace n°458 de juillet 2008 et l'actualité du 30 juin 2008).
Ce jour-là, un bolide cométaire d'une masse évaluée à 50000 tonnes a explosé entre 6 et 10km d'altitude. Outre le souffle qui a ravagé 2000km2 de taïga, le phénomène a entraîné lui aussi une augmentation du taux d'ammonium dans l'atmosphère au cours de l'hiver qui a suivi. Mais le corps céleste n'étant pas entré en contact avec le sol, aucun cratère n'a jamais été retrouvé. La même chose a pu se produire voici 12900 ans.
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