Au sein de ces spirales orange se cache probablement une planète en train de se former. La photo, obtenue grâce au puissant système d’imagerie SPHERE du Very Large Telescope (VLT, ou Très Grand Télescope en français) de l’Observatoire Européen Austral au Chili, est une performance. Elle permet de visualiser, avec un luxe de détails jamais atteint, l'environnement proche de l’étoile AB Aurigae, distante de 520 années-lumière, dans la constellation du Cocher. Et dans ces spirales constituées par du gaz et de la poussière en rotation autour de l’astre, une condensation particulière a retenu l’attention des astronomes à une distance de l’étoile équivalente à celle qui sépare Neptune du Soleil (soit environ 4,5 milliards de km). « Cette torsion est prédite selon certains modèles théoriques de formation planétaire, déclare Anne Dutrey, astronome au Laboratoire d’astrophysique de Bordeaux, co-auteur de l’étude d’Astronomy & Astrophysics dans laquelle l’image a été révélée. Elle correspond à la connexion de deux spirales - l'une s'enroulant vers l'intérieur de l'orbite de la planète, l'autre s'étendant vers l'extérieur - qui se rejoignent à l'emplacement de la planète. Elles permettent au gaz et à la poussière du disque de s'accréter sur la planète en formation et de la faire croître ».
AB Aurigae, jeune étoile sous surveillance
L’existence d’une planète naissante à cet endroit est considérée comme probable parce qu’AB Aurigae, 2,4 fois plus massive que le Soleil, est une étoile jeune et que les astronomes savent depuis une vingtaine d’années qu’elle est entourée par un disque de gaz et de poussières d’environ 200 milliards de km de rayon. Des indices antérieurs, comme une zone appauvrie en poussière identifiée en 2008, laissaient déjà supposer la présence de corps de masses planétaires à proximité de cette étoile. La présence d’une planète géante (comme Jupiter) dans la torsion des spirales doit encore être confirmée, notamment par la mesure d’un déplacement de la structure qui suivrait une orbite.