Sur Mars, au fond du cratère Gale, c'est le début de l'aventure pour le robot Curiosity. Depuis le 28 août 2012, le rover progresse vers Glenelg. Situé à 400 m au sud-est du site d'atterrissage, ce terrain intrigue les géologues.
Curiosity va donc s'y rendre, même si cela le conduit dans la direction opposée à son objectif principal que sont les contreforts d'Aeolis Mons (aussi appelé mont Sharp), à 9 km au sud-ouest du site d'atterrissage. Mais la mission est longue et les scientifiques ont décidé de faire ce détour.
Une zone frontière
« Nous avons choisi cette région car, sur les photos prises par les orbiteurs, elle apparaît comme une frontière entre trois terrains géologiques de nature différente, explique Olivier Gasnault, de l'équipe de l'instrument Chemcam: un terrain clair au nord-est (peut-être un socle rocheux propice pour tester la foreuse), un terrain d'apparence plus ancienne au sud-est (qui semble avoir mieux résisté à l'érosion, comme en témoignent les nombreux petits cratères), et la continuité du terrain du site d'atterrissage vers l'ouest (l'occasion d'étudier sa variabilité tout au long de la traversée). »
Cette carte montre le site d'atterrissage (point vert) et le terrain appelé Glenelg
(point bleu à côté). On voit que ce terrain se trouve dans la direction opposée
au mont Sharp (dont la base est signifiée par le point bleu, au centre). © Nasa.
Vestiges alluviaux
« En outre, le site comporte un cône alluvial, c'est-à-dire une structure en éventail formée par d'anciennes rivières, ajoute Nicolas Mangold, également membre de l'équipe. Les données indiquent aussi que le sable présent sur Glenelg a été cimenté, sans doute sous l'action de l'eau. Il est donc possible que nous y détections des argiles ou des sels, minéraux formés en présence d'eau liquide. »
Un mois d'étude
Le détour vers Glenelg, puis l'analyse in situ du terrain devrait prendre au moins un mois. Tout au long du chemin, les ingénieurs du JPL continueront de tester la bonne santé des instruments.
Ensuite, Curiosity devrait avancer vers le mont Sharp (voir itinéraire ci-dessous). Mais les scientifiques devraient être nombreux à vouloir s'arrêter en chemin pour examiner les environs. "L'argument qui fait mouche, c'est l'unicité du lieu, précise Olivier Gasnault. Si vous pouvez prouver que l'observation proposée est intéressante et ne peut se faire qu'en un lieu précis, alors vous avez des chances de l'emporter.”
En vert, le trajet prévu de Curiosity. Cette carte est la plus récente disponible.
Néanmoins, elle date d'avant l'atterrissage. De ce fait, le parcours débute
à un endroit différent de là où Curiosity s'est posé. Seule la fin du parcours, en bas, est valable.
Les différentes couleurs de terrains traduisent leur composition: en vert, les argiles ;
en rose, les sulfates. ©Nasa.
Le mont Sharp se trouve à une quinzaine de kilomètres du site d'atterrissage de Curiosity. Il présente, à sa base, une couche d'argiles qui laisse penser qu'il y a plusieurs milliards d'années, la région de Gale était couverte d'eau liquide. "La route sera longue, prévient Nicolas Mangold. Si nous atteignons le mont d'ici un an, je serai content".
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