Les scientifiques de la mission Rosetta se sont réunis ce week-end pour décider où, à la surface de la comète, le module Philae se poserait en novembre. Il en ressort cinq zones assez grandes qu'il va falloir explorer en détail à l'aide de la caméra à haute résolution de la sonde Rosetta. Cette dernière a d'ailleurs commencé à abaisser son orbite à 50 km d'altitude et devrait prochainement continuer à se rapprocher de Churyumov-Gerasimenko pour effectuer ce travail.
Cinq sites accessibles
Réunis à Toulouse pendant tout le week-end, plus de 60 scientifiques impliqués dans la mission Rosetta ont dû tenir compte des contraintes techniques pour faire leur choix. En effet, le module Philae doit se poser le 11 novembre 2014 sur une zone accessible. Cela a éliminé d'emblée toute la partie que l'on surnomme le « cou » de la comète. Il fallait aussi des sites pour lesquels, en tenant compte de la rotation du noyau cométaire sur lui-même, la vitesse relative entre Philae et le sol soit la plus faible possible au moment de l'atterrissage. Enfin, il était nécessaire que les endroits visés soient suffisamment éclairés par la Soleil pour que les panneaux solaires du module puissent se recharger efficacement et pendant une longue durée à mesure que les « saisons » avancent sur la comète. Dernier petit détail : mieux valait éviter les trop fréquentes périodes d'éclipses avec Rosetta, ce qui se traduirait par autant de coupures des communications.
Ci-dessus, trois vues de la comète qui permettent de comprendre où se trouvent les cinq sites retenus. Crédit : ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA
Cinq sites d'intérêt scientifique
De leur côté, les scientifiques avaient une préférence pour un lieu où se produit une alternance jour/nuit afin d'étudier les variations qui en découlent, notamment sur le dégazage de la comète. Et ils cherchaient un endroit qui permette d'explorer le plus de terrains possibles tout en autorisant un bon fonctionnement des dix expériences embarquées sur Philae (caméra panoramique, foreuse, prélèvement d'échantillons, etc...). De ces compromis résulte le choix des cinq sites ci-dessous, observés à haute résolution par la caméra Osiris. Trois se trouvent sur le gros lobe de la comète et deux sur le petit.
Site A
Cette « plateforme » du gros lobe offre une belle vue sur le petit. Ce terrain pourrait être le siège d'un dégazage important. Intéressant mais éventuellement risqué pour Philae.
Site B
Cette dépression du petit lobe, qui pourrait être un cratère d'impact, offre de bonnes conditions de sécurité pour l'atterrissage. Mais au fil des semaines, son ensoleillement pourrait diminuer de manière à poser un problème pour Philae.
Site C
Les terrains variés de cette zone lui confèrent un grand intérêt scientifique. Des escarpements côtoient des aires relativement planes. De plus, son exposition au Soleil est et demeurera excellente pour Philae.
Site I
Ce terrain relativement plat du petit lobe pourrait être assez jeune. Au point que du matériau frais pourrait y êtres exposé aux instruments de Philae ? A confirmer. Ce site a fait l'unanimité entre ingénieurs et scientifiques lors des sélections. Il est peut-être le favori.
Site J
Cette région ressemble beaucoup au site I avec de bonnes conditions d'ensoleillement.
Un atterrissage à haut risque
Les investigations se poursuivent sur ces cinq cibles à mesure que Rosetta s'approche toujours plus de la comète. D'ici un mois, elle devrait la survole à 20 ou 30 km et fournir aux scientifiques des images très résolues, comme celle-ci, sur lesquelles ils pourront vraisemblablement discerner d'éventuels obstacles à l'atterrissage (des rochers). Philae est une « cube » de 80 cm de côté et de 100 kg qui, une fois largué, se laissera attirer par l'infime gravité de la comète. Retrouvez tous les détails de cette opération unique dans Ciel et Espace de septembre 2014, actuellement en vente.
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